Malick Sidibé (1936-2016) - Photographe
Malick Sidibé naît en 1936 à Soloba, un petit village au sud du Mali dans une famille paysanne peule. Il est d’abord berger et cultivateur aux côtés de son père. Scolarisé à l’âge de dix ans, il est remarqué pour ses talents de dessinateur. Il est ainsi admis à l’École des artisans soudanais de Bamako dont il est diplômé en bijouterie en 1955. Cette même année, le Français Gérard Guillat, dit « Gégé la pellicule », qui dirige un petit studio de photographie au centre de Bamako, l’engage comme stagiaire.
Il ouvre ensuite son premier studio à Bamako en 1958, le Stidio Malick, puis s’installe en 1962 dans le quartier populaire de Bagadadji, auquel il reste fidèle toute sa vie. Malick Sidibé aime parcourir sur sa bicyclette une ville effervescente qui devient capitale du Mali indépendant en 1960. Il se plaît notamment à photographier, en noir et blanc, la jeunesse lors de soirées animées ou lors d’instants de détente et de convivialité en journée. Il est le reporter de la simplicité du quotidien, devenant ainsi « l’oeil de Bamako ». À partir des années 1970, il privilégie les portraits, souvent en studio. Ses photographies de femmes prises de dos témoignent d’une inventivité artistique remarquée.
La reconnaissance internationale vient dans les années 1990 à l’occasion des rencontres photographiques de Bamako. Sa première grande exposition est présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 1995. Les expositions collectives ou individuelles dans des galeries ou musées s’enchaînent ensuite en Europe, au Japon et aux États-Unis. En 2003, il est le premier Africain à recevoir le fameux prix international de la Fondation Hasselblad. En 2007, c’est une nouvelle consécration lorsqu’il se voit remis un Lion d’or d’honneur à l’occasion de la 52e Biennale d’art contemporain de Venise. Il reçoit aussi le World Press Photo dans la catégorie Arts and Entertainment en 2009.
En 2011, il est fait officier dans l’ordre des Arts et des Lettres en France. Portraitiste hors pair, Malick Sidibé est de ceux qui ont ouvert la voie à la photographie africaine. Il s’éteint à Bamako le 14 avril 2016. (In, Portraits de France, étude présidée par Pascal Blanchard et coordonnée par Yvan Gastaut, 2021)