Algériens
L’émigration algérienne en France s’inscrit dans le cadre de la domination coloniale (1830-1962) : afin de faire place aux colons, l’occupation française s’est accompagnée de dépossessions foncières et de déplacements de population de grande ampleur. L’Algérie fut aussi une terre de recrutements militaires qui prirent une nouvelle ampleur avec la Première Guerre mondiale. Ces anciens soldats et travailleurs requis ont dans l’entre-deux-guerres constitué le « premier âge » de l’immigration en rejoignant des précurseurs (colporteurs notamment) qui traversaient la Méditerranée depuis la fin du xixe siècle. Ces hommes – jusqu’au tournant des années 1960 les femmes représentent moins de 10 % des arrivants – étaient français de nationalité mais demeuraient des « citoyens diminués » partageant l’essentiel de la condition des autres immigrés. Devenus Algériens en 1962 (moins de 10 % de ces immigrés conservèrent la nationalité française), ils avaient tour à tour été considérés comme « indigènes », « sujets français » ou « Français musulmans ». Leur arrivée n’était pas souhaitée par les pouvoirs publics mais elle s’est accélérée après 1945, sous l’effet de la liberté de circulation entre les deux rives de la Méditerranée et des bas salaires proposés dans les rares industries d’Algérie.
En France, les Algériens étaient considérés comme une main-d’œuvre d’appoint notamment dans les secteurs du bâtiment et de la construction, mais aussi dans les mines ou les usines chimiques et automobiles. Ni la guerre (1954-1962) ni l’indépendance ne ralentirent les départs. Au contraire, les destructions de villages entiers et les déplacements forcés de population impulsèrent une nouvelle émigration de familles entières. La suspension de l’émigration de main-d’œuvre (1973) par l’État algérien et les entraves mises au regroupement familial par les autorités françaises n’empêchèrent pas les Algériennes et les Algériens de devenir, dès les années 1970, la principale composante de l’immigration en France. Les obstacles à la libre circulation se multiplièrent cependant jusqu’à l’imposition d’un visa en 1986. Cette obligation de visa fut une véritable entrave pour des milliers Algériens qui, au cours de la « décennie noire » (années 1990), cherchèrent à fuir le terrorisme islamique et les opérations de l’armée.
Aujourd’hui encore, les Algériens sont la nationalité la plus représentée parmi les immigrés et les descendants d’immigrés. Dans une grande diversité de trajectoires et de générations, se côtoient ainsi, à tous les niveaux de la société française, réussites éclatantes et discriminations persistantes.